“Les Frères Scott”, 20 ans plus tard
Entre souvenirs d’ado et déconstruction
Il y a maintenant 20 ans, Les Frères Scott débarquait sur les petits écrans français. Pour moi, cette série incarne les années collège, alors que je cherchais une excuse pour repousser les devoirs. Elle symbolise un échappatoire parfait, un rendez-vous incontournable de quelques-unes de mes plus jeunes années d'adolescence.
On y suit un groupe d'adolescent.e.s et leurs familles dans la petite ville fictive de Tree Hill, en Caroline du Nord. L'intrigue principale tourne autour de deux demi-frères aux parcours opposés, Lucas et Nathan, qui jouent dans la même équipe de basket du lycée, les “Ravens”. D’abord rivaux, ils partagent la même passion pour le ballon orange. Ils finissent par se rapprocher tandis que les histoires d’amour et d’amitié se tissent avec et autour d’eux, avec des personnages comme Peyton, Brooke et Haley. La série aborde des thèmes variés, tels que l’amour, la quête de soi, la trahison, la mort et la rédemption, mais également les hauts et bas de la jeunesse, la famille et la poursuite des rêves.
Alors qu’il a été annoncé qu’une partie du casting allait faire son retour à l'écran, et que ma tête avait grand besoin de s’évader dans une actualité toujours plus morose, je me suis replongée dans les péripéties de cette joyeuse bande. Ce, sans vraiment réaliser que j’allais me faire un voyage nostalgique en première classe vers les années 2000.
Diffusée aux États-Unis de 2003 à 2012, One Tree Hill, de son nom original, comprend 187 épisodes de 42 minutes répartis sur 9 saisons. Pour tout regarder d’un coup, sans pause et sans dodoter, il faudrait donc environ cinq jours et dix heures. Diantre, ça fait beaucoup. Les intrigues quelquefois rocambolesques voire invraisemblables, la musique, les looks très 00s’- jeans taille basse, franges asymétriques et boucles d'oreilles créoles - viennent peaufiner l'ensemble, rendant ce teen drama on ne peut plus indissociable de son temps.
Si j’étais absolument happée à l’époque, qu'en est-il en 2024 ? Je l’avoue sans broncher, je suis loin d’avoir tout regardé. Mais voici ce que j'en pense, avec mes yeux d’adulte.
Adolescence idéalisée et amours improbables
En 2004, cette sombre période où je tenais avec conviction un Skyblog, avais des bagues plein la bouche et m’habillais littéralement comme un sac, j’étais sûre de peu de choses. En revanche, je voyais les personnages de Tree Hill se faire de grandes déclarations d’amour et exprimer leur envie d'un amour profond et complexe alors qu’iels ont 16/17 ans. Et ma foi, ça me semblait parfaitement sensé.
Proposant de manière générale une version romancée et idéalisée de l'adolescence, le feuilleton fait vivre à Lucas et les autres des expériences surréalistes avec une maturité à toute épreuve. Évidemment, les relations romantiques n’échappent pas à la tendance. De là à en déduire que Les Frères Scott est responsable du fait que des gens de la génération Y sont nuls en amour, il n’y a qu’un pas. Si ce feuilleton n'est pas le seule responsable, il a en tout cas certainement créée des séquelles chez certain.e.s spectateur.ice.s, genre des attentes et des perceptions de l'amour qui ne reflètent absolument pas la réalité.
En haut du podium du n’imp’, nous trouvons l’histoire entre Nathan et Haley. Notons déjà qu’iels cochent de nombreuses cases des tropes narratifs des récits adolescents : iels sont ennemis au début puis tombent amoureux. Il est le sportif populaire, elle est la nerd outsider. C’est un fils de riches, elle est une jeune femme venant d’un milieu bien plus modeste. Et pour couronner le tout, iels sont l’un de ces couples de lycée qui durent éternellement, qu’on nous a présentés 1000 fois.
Ensuite, iels sont mignons et les deux acteur.ice.s ont une belle alchimie, mais tout commence entre eux de façon bien peu saine. Lui demandant au départ des cours de cours de soutien, Nathan utilise Haley, en jouant sur sa gentillesse et son altruisme pour faire rager Lucas. Bien que ça devienne plus authentique entre eux avec le temps, cette manipulation initiale crée une dynamique déséquilibrée.
Mais plus fort que cela, leur relation passe du dédain à l'amitié au mariage en un temps record. Parce que oui, iels se marient à 16 ans, après être sortis ensemble pendant quelques mois. Alors que dans la vraie vie, PERSONNE NE SE MARIE AU LYCÉE. Et puis, ça a l’air de choquer personne. Tout le monde, excepté la mère de Nathan, est rapidement OK avec ça. La façon dont c’est révélé est en plus super bizarre. Lucas, la voyant à moitié habillée, la réprimande de ne pas avoir attendu le mariage pour avoir des relations sexuelles, comme elle le souhaitait de base. Elle lui dit alors : “Nous avons attendu. Nous nous sommes marié.e.s hier soir”. Soit. En dehors du fait qu’elle annonce ça de façon complètement banale, d’où Lucas aurait son mot à dire sur les choix de Haley ? Alors qu’iels ont le même âge, il se positionne comme une figure d'autorité, renforçant ainsi l'idée que les jeunes femmes doivent justifier leurs décisions devant les hommes.
Un an plus tard et après renouvèlement de leurs vœux, Haley tombe enceinte. L’avortement n’est jamais envisagé, alors qu’iels n’ont pas d’argent et n’ont pas encore obtenu leur diplôme de fin de lycée. La grossesse est présentée sous un angle romantique, comme une progression naturelle de leur relation, sans prendre en compte les réels challenges et sacrifices d’avoir un bébé à un si jeune âge. Est-ce dû à un certain conservatisme, je ne sais pas, mais la série passe en tout cas complètement sous silence une discussion nécessaire sur la contraception et le droit à choisir.
Se soulèvent alors des questions sur les attentes liées à la sexualité des adolescent.e.s et au mariage. En indiquant qu'il est normal pour les jeunes filles de se marier et de fonder une famille super tôt, nous sont communiqués tout un tas de clichés sur la maternité et le rôle “traditionnel” de la femme. De plus, je n’en mettrais pas ma main à couper, mais il y a de fortes chances que l’arc narratif de Haley ait façonné les attentes des adolescentes - le public cible encore influençable - en présentant ce parcours de vie comme un modèle.
Si écrire toute cette trame n’a pas fait peur aux scénaristes des Frères Scott, je peux alors aisément vous dire que plein de choses absurdes se passent pour nos personnages principaux, dont des triangles amoureux en abondance. Dans la plupart des cas, iels font face à ces dilemmes émotionnels avec une aisance qui, certes, frôle l’admiration, mais ne reflète absolument pas l'incertitude propre à cet âge-là. On nous en a présenté dans beaucoup trop de séries et cela renforce la fausse idée que le véritable amour ne peut naître que dans la rivalité.
Et puis, quand tout ne se passe pas bien pour eux du côté du love, iels peuvent se consoler dans des réussites professionnelles disproportionnées par rapport à leur âge. Les BDs de Peyton se retrouvent dans une fameuse revue, Haley part en tournée et Brooke lance sa marque de vêtements. Et une fois adulte, presque chaque personnage est extrêmement prospère financièrement et dans sa carrière. Comme quoi, tout est possible à Tree Hill.
J’envisage d’y déménager, qui me suit ?
Pression de la performance et toxicité patriarcale
Derrière toute cette façade de succès, la série aborde des thématiques bien plus sombres. Je dois l'avouer, avant aujourd’hui, je n'avais pas pris conscience de la nocivité de certains comportements dans Les Frères Scott - ou autre possibilité, je ne m’en souvenais absolument pas. Alors que ce thème est central, je n'avais peut-être pas le recul nécessaire pour comprendre à quel point la série illustre tout le mal que fait la masculinité toxique.
Et le chef là-dedans, c’est Dan. Lui-même ancien joueur de basket, il incarne la figure patriarcale problématique. Père de Lucas qu'il a eu avec Karen, et de Nathan né de son union quelques mois plus tard avec Deb, il a abandonné la première alors qu’elle était enceinte, avant de rencontrer la seconde à l’université. Iels étaient donc tous les trois très jeunes. Quoi qu’il en soit, seize ans plus tard, il met une pression constante sur Nathan, espérant obtenir le meilleur de lui. Si ce dernier perd un match, ou même s’il joue mal, il est horrible avec lui, allant même jusqu’à l’humilier. Compétitif à l’extrême, il préfère même blesser physiquement son fils plutôt que de le laisser gagner lors d’un match père/fils. Et puis, de temps en temps, il le manipule pour arriver à ses fins, parce que pourquoi pas, après tout...
En plus d’une performance sportive et d’une dureté émotionnelle qu’il érige en normes, Dan soumet Nathan à une vision archaïque de la “masculinité”. Un exemple parmi d’autres, lorsqu'il voit ce dernier arborer un piercing au téton, il lui rétorque que s’il avait “voulu une fille, [il] aurait adopté." Mine de rien, cette toute petite phrase illustre non seulement le poids des stéréotypes de genre que Dan impose à Nathan, mais elle révèle aussi comment de telles attentes patriarcales peuvent engendrer des comportements restrictifs et malsains.
Une question se pose alors rapidement : le basket est-il vraiment la passion de Nathan ou celle de son père, qui regarde en boucle des matchs ? La réponse se trouve au détour d’un épisode, lorsque l’on apprend que c’est bien plus ancré que cela. En effet, Dan a subi à un âge similaire les mêmes attentes de la part de son propre père, au point de devoir inventer une blessure irréversible pour pouvoir cesser de jouer. Se dessine alors un cycle familial mauvais où les traumatismes et les attentes toxiques se transmettent de génération en génération - que Nathan arrive brillamment à briser avec son fils Jamie, pfiou.
Lucas, de son côté, est l’enfant rejeté. Élevé par sa mère célibataire et ne bénéficiant pas de la richesse de Dan, il est - comme Ryan dans Newport Beach - l’outsider que l’on trouve dans tous les teen dramas. Pour lui, entrer dans l’équipe de basket, où son demi-frère règne en maître, représente une manière de prouver sa valeur, en tant que joueur et en tant qu’individu digne d'attention. Pour Nathan, c’est perçu comme une menace directe à sa position et à son statut. Seulement, au au lieu de réagir de manière saine, ce dernier choisit le mépris, l’humiliation et le harcèlement. Il faut que Haley, meilleure amie de Lucas, commence les cours de soutien pour qu’il stoppe. Dan, loin d’apaiser cette tension, semble y trouver une certaine satisfaction, renforçant ainsi son contrôle sur ses fils. Cette rivalité devient alors une sorte de ring pour la reconnaissance paternelle, poussant les deux adolescents à se surpasser tout en (s’auto)détruisant.
Cette dynamique de compétition toxique s’illustre à plein d’autres moments éparpillés dans la série, comme la course de voiture de Lucas avec Felix, un autre élève du lycée. En résumé, cette scène est en fait ni plus ni moins qu’un concours de virilité où chacun essaie de prouver qui est le plus macho. Ici, vous vous doutez sans doute qui les pousse à faire ça (Dan). Cela renforce l'idée que les hommes doivent constamment être en compétition et se mesurer les uns aux autres, au risque d’adopter des comportements imprudents, agressifs et/ou dangereux.
Si le teen drama fait fort dans la dénonciation de cette toxicité, il montre également la possibilité d’une nouvelle génération libre de toute attentes. En élevant Jamie avec Haley dans un environnement bienveillant, Nathan lui permet de se développer sans aucune pression. Avec amour et soutien, il encourage son fils à suivre ses propres passions. Ainsi, l’épanouissement individuel de Jamie devient sa priorité, ce qui contraste fortement avec la compétition destructrice et la pression de performance qui ont marqué toute enfance et son adolescence.
Stéréotypes au service du male gaze
Une fois que tout cela est dit, je pense qu’il faut à présent s’attaquer à un gros problème de cette série : la représentation des personnages féminins.
Brooke, par exemple, est la “fille superficielle” du lycée, une cheerleader obsédée par l’apparence et le sexe, qui se retrouve à subir du slutshaming. Ses intrigues tournent souvent autour de son physique ou de son attirance sexuelle. Un moment représentatif parmi d’autres : quand Lucas arrive dans l’équipe, elle se lance dans ce qu’elle appelle une Lucas’ quest. Elle se met à faire du forcing à fond avec lui, jusqu’à aller se mettre à poil dans sa voiture, alors qu’il ne la connait pas. Cela donne l'impression que les femmes doivent constamment jouer sur leur charme et leur physique pour attirer l'attention des hommes.
Et du côté de Peyton et Haley, les deux autres personnages féminins principaux, c’est pas bien glorieux non plus. Elles sont la plupart du temps, et encore une fois, je n’ai pas regardé les neuf saisons, définies par leurs relations amoureuses, leurs rivalités et/ou leurs aspirations à être "secourues" par un homme. Haley est souvent cantonnée à son rôle de “femme de Nathan” et quand ce n’est pas le cas, il arrive qu’elle passe pour la méchante. Lorsqu'elle essaie de prendre son envol, comme lors de sa tournée de chanteuse, c’est perçu comme une trahison plutôt que comme un effort légitime pour poursuivre ses rêves. Tout le monde la culpabilise et chaque “félicitations” est accompagné d’un “Et Nathan ?”. Non, mais oh, dans quel monde elle devrait mettre ses aspirations entre parenthèses pour lui ?!
Quant à Peyton, c’est la "rebelle et solitaire". En quête d'amour, elle passe son temps sur sa webcam à se filmer pour un blog - sérieusement, personne ne fait ça non plus. Elle a un moment une aventure avec Pete Wentz, le chanteur des Fall Out Boy. Il est une star établie et majeure, elle est encore une adolescente en pleine exploration de sa place dans le monde. C’est problématique ? Évidemment. Bienvenu.e.s dans les années 2000 et les relations mineur.e/majeur.e normalisées dans les séries.
Plus tôt dans la série, à une soirée, elle est droguée par un étudiant qui tente ensuite d’abuser d’elle. Quel est son vrai ressenti ? On ne le saura jamais car littéralement plus personne n’en parle dans les épisodes suivants. Cela minimise la gravité de la situation et démontre aussi une approche superficielle des problèmes de santé mentale et de traumatisme. Arrivé tel un chevalier pour “la sauver”, Lucas lui dit “qu’il ne s’est rien passé” car elle ne s’est pas fait violer. Or, elle a vécu une expérience choquante qui méritait d'être reconnue et traitée avec sérieux.
Cette représentation stéréotypée est symptomatique de ce qui habite profondément Les Frères Scott : le male gaze. Les femmes de cette série, en majorité adolescentes, sont réduites à des objets de désir, avec des gros plans sur leurs corps ou des scènes qui les montrent sous un angle voyeuriste. Elles n’ont visiblement pas le droit d’être complexes et nuancées.
Dans cet opus du podcast Drama Queens, les interprètes de Brooke, Peyton et Haley parlent d’une scène où Nathan danse sur un comptoir de bar, entouré de femmes en short se trémoussant autour de lui dont Taylor, sa belle-sœur. Les actrices soulignent que la scène est longue et illustre l'objectification des personnages féminins.
Âgée de 21 ans lors de la première saison, Sophia Bush, qui joue Brooke, a exprimé dans plusieurs récentes interviews son malaise face à la façon dont son personnage était souvent représenté. Elle a également dénoncé la sexualisation excessive de son personnage, indiquant qu’elle a dû se battre pour éviter de tourner en sous-vêtements. Dans le podcast Chicks in the office, l’actrice a souligné à quel point les dialogues et les interactions entre les personnages ne reflétaient pas la réalité des relations féminines, qualifiant ces interactions de "fantasme d'un homme plus âgé". Elle a finalement réussit à convaincre par la suite les scénaristes de diriger Brooke vers quelque chose de plus profond et authentique.
Notons que dans une moindre mesure, les jeunes hommes ne sont pas épargnés non plus - comme nous le prouvent les gros plans sur le torse musclé de James Lafferty, qui joue Nathan. Le plus perturbant se trouve lors d’un évènement de charité appelé Boy Toy. Là, des femmes (parfois majeures) payent aux enchères pour passer une soirée avec les joueurs de l’équipe de basket (pour rappel mineurs). Animé par leur entraineur, qui balance des trucs du genre : “jusqu'au baiser de minuit, essayons de rester dans la légalité cette année”, cela prend la forme d'un défilé où ils se déshabillent progressivement pour être sélectionnés. Oui, cette scène est perturbante à souhait. Consentement flou, dynamique de pouvoir préoccupante, objectification, normalisation de l'exploitation : bref, de plusieurs aspects juridiques, éthiques et moraux, y’a rien qui va dans cette scène.
Abus de pouvoir et voix qui s'élèvent
Quoi qu’il en soit, puisqu’il faut parler de l’éléphant dans la pièce, difficile de ne pas voir que la série a été créée et principalement écrite par un homme. Ce qui est plus troublant, et je l'ai découvert en préparant cet article, c'est que quelques années plus tard, le dénommé Mark Schwahn a été accusé d’avoir instauré une atmosphère de travail toxique et d’abus graves sur le plateau, principalement envers les femmes.
Dès 2017, des allégations de harcèlement sexuel contre lui ont émergé. Dans Variety, 18 femmes de l'équipe de la série américaine - dont Sophia Bush (Brooke), Hilarie Burton (Peyton) et Bethany Joy Lenz (Haley) ont publié une lettre ouverte. Elles y dénonçaient ses agissements, révélant que “beaucoup d'entre [elles] ont été, à des degrés divers, manipulées psychologiquement et émotionnellement. Plusieurs sont encore en traitement pour stress post-traumatique". Selon un autre article du magazine, le climat de travail sur le plateau a été décrit comme ayant créé une culture du silence, où les employé.e.s se sentaient mal à l'aise de signaler les abus par peur de représailles.
Marc Schwahn a finalement été licencié en 2017 de la série The Royals après que 25 femmes de cette production ont également dénoncé son comportement.
Depuis, via leur podcast Drama Queens, les anciennes co-stars racontent leur vécu et continuent de dénoncer ce qu'elles ont subi. Dans le numéro du 15 mars 2023, Hilarie Burton a ainsi révélé avoir été agressée sexuellement par leur “boss” durant un déplacement au Texas où iels filmaient plusieurs scènes. Dans Hello Magazine, Shantel VanSanten, qui a rejoint le casting saison 7, a qualifié d’“horribles” ses trois années de tournage exprimant des regrets de ne pas avoir eu la force de s’opposer au showrunner. Invitée dans l'émission d’Andy Cohen, Sophia Bush confiait que Mark Schwahn lui attrapait les fesses et que la première fois, elle l'avait en réponse frappé avec force. Plus tard, elle a appris qu'il avait été furieux et l'avait traitée de "salope". À un scénariste qui lui avait rétorqué de ne pas toucher les femmes, le créateur du programme avait alors donné deux options : “fermer sa gueule et garder son boulot ou partir”.
Ces témoignages glaçants s'inscrivent dans le mouvement #MeToo. Ils font partie de ces récits où des femmes dans l'industrie cinématographique ont été manipulées et harcelées par des hommes en position de pouvoir, sous couvert de scénarios ou de décisions créatives. Cette affaire autour de Les Frères Scott prouve à quel point ces abus affectent non seulement les victimes, mais aussi les médias, façonnant des représentations biaisées des femmes à l'écran.
Heureusement, aujourd’hui, les victimes sont, certes pas assez, mais de plus en plus écoutées, entraînant des changements nécessaires dans l'industrie. Sont ainsi produites des séries telles que Mes premières fois, Euphoria, I May Destroy You ou Skam, avec des représentations plus diversifiées et nuancées des femmes et des adolescentes. Cela permet de mieux refléter la complexité des expériences humaines, tout en laissant enfin une place pour les voix marginalisées.
Quelques réflexions pour finir :
Les Frères Scott souffre d'un manque flagrant de diversité. La série met principalement en scène des blancs hétérosexuels. Skills, bien que super fun, apparait fréquemment, mais a peu de temps de parole et de développement comparé à ses homologues blancs. Quentin, star montante du basket-ball, est brutalement assassiné. Son histoire n'est pas explorée en profondeur, laissant de côté toute la violence et les enjeux sociaux et racistes qui entourent sa mort. Quant à Anna, qui est bisexuelle, elle disparaît rapidement, laissant peu de place à la vraie exploration de son identité.
Avant, j’étais “team Lucas”. En fait, je suis à fond “team Nathan”, qui commence comme un personnage arrogant et privilégié, mais connait, comme mon personnage pref’ Brooke, une transformation significative. Il devient à peu près un homme responsable, aimant et dévoué. Il est gentil, prend des décisions mûres et assume ses responsabilités, que ce soit en tant que mari, père ou joueur de basket. Lucas, en plus de faire des citations littéraires pompeuses, trahit à plusieurs reprises ceux qui l’entourent. En dépit de ses excuses superficielles, son incapacité à apprendre de ses erreurs font de lui quelqu’un d’un peu égoïste et insupportable.
Arrêtant ici mon visionnage de Les Frères Scott, je réalise qu’il vaut mieux la revoir avec un œil déconstruit. Une partie de moi se dit que j’aurais mieux fait de la laisser bien au chaud dans mes souvenirs d’ado, mais une autre partie rétorquerait que ce soap de Caroline du Nord a un BON gros côté “plaisir coupable”. Ce qui est sûr, c’est que je garde avec moi quelques morceaux de la bande originale, qui est très chouette. Elle me rappelle cette période innocente où j’écoutais Halo de Bethany Joy Lenz sur mon mp3 bleu, suivie de “I don't wanna be anything other than meeeeee” de Gavin deGraw.
D’ailleurs, j’ai fait une playlist avec mes sons préférés, cliquez ici pour l’écouter.